Responsables scientifiques : Isabelle Arpin, Arnaud Cosson, Thomas Scheurer
L’histoire des espaces protégés est marquée par le recours à plusieurs registres de légitimité. Initialement justifiés par leur capacité à représenter le monde en raison de la présence d’une variété d’espèces et de milieux à préserver, beaucoup ont conforté leur action sur le registre de l’exceptionnalité par la protection de quelques espèces ou paysages emblématiques. Ces deux registres sont fragilisés aujourd’hui par l’émergence des concepts de nature ordinaire, de préservation des fonctionnalités écologiques ou encore de pilotage dynamique de la biodiversité. Un nouveau registre de légitimité émerge dans le contexte d’adaptation aux changements globaux: celui de territoires de référence, de zones témoins plus ou moins influencées par les activités humaines. Les espaces protégés sont ainsi présentés comme des territoires d’interface entre connaissance et gestion, permettant un suivi à long terme d’évolutions tant biophysiques que socio-économiques.
La session vise à questionner les modalités pratiques de l’interface entre science et gestion dans les territoires de montagne à partir de l’analyse d’expériences, de modèles ou de méthodes développées dans les espaces protégés français et étrangers de l’arc alpin via notamment:
- L’état des lieux des dispositifs existants (conseils scientifiques, zones ateliers, programmes de recherche, « chercheurs en résidence », thèses CIFRE…), à travers les pratiques, les postures, les méthodes de recherche et la valeur ajoutée réciproque pour la production de connaissances et l’action ;
- L’étude des conseils scientifiques ;
- Les dispositifs dits « sentinelles » se développant rapidement (« alpages sentinelles », « lacs sentinelles », « refuges sentinelles ») pour comparer leur genèse, leur fonctionnement et leur production (connaissances, collectifs, actions) ;
- Interroger dans une approche comparative les complémentarités, les synergies et/ou les tensions entre ces différents dispositifs pour tirer des conclusions sur les conditions de réussite des partenariats entre scientifiques et gestionnaires d’espaces protégés de montagne
Protected mountain areas: territories as an interface between science and management
Lead scientists: Isabelle Arpin, Arnaud Cosson, Thomas Scheurer
The history of mountain protected areas is characterized by the resort to several registers of legitimacy over time. Their creation was initially often justified by their capacity to act as microcosms and represent the world because of the presence in these areas of a variety of species and habitats. Many of them later conforted their action by mobilizing the register of exceptionality symbolized by the protection of a few iconic species and landscapes. These two registers are currently being fragilized by the emergence of concepts such as ordinary biodiversity, preservation of ecological functionalities, and dynamical stewardship of biodiversity in a context of adaptation issues raised by global changes. This has contributed to the emergence of a new register of legitimacy: that of reference territories diversely influenced by human activities. Mountain areas, then, are presented as interfaces between science and management that allow a long-term monitoring of biophysical as well as socio-economical evolutions.
The session aim to investigate the practical modalities of interface between science and management on mountain territories by documenting and analyzing a diversified set of experiences, models and methods deployed in French and foreign protected areas, notably in the Alpine range :
- overview of existing ways of interfacing science and management (scientific councils, LTSER sites, collaborative research programmes, co-funded PhD projects), their practices and postures and their added value both for knowledge production and nature and land management.
- focus on scientific councils.
- comparing so-called “sentinel programmes” (“Sentinel mountain pastures”, “sentinel lakes”, “sentinel huts”, etc.) genesis, functioning and outcomes (in terms of knowledge, collectives, actions).
- questionning the complementarities, synergies and/or tensions between these different ways of interfacing science and management and draw conclusions on the factors of success for establishing partnerships between scientists and protected area managers.